On peut jaser du fait de dire non? De refuser un contrat, ou même de ne pas auditionner pour un projet?
Comme pigistes, on passe une bonne partie de notre temps et de notre énergie à chercher la prochaine opportunité. C’est notre gagne-pain, et soyons honnêtes : on a toujours cette petite peur de manquer quelque chose. On se dit que si on ne se lance pas sur toutes les occasions, le pipeline risque de se vider.
Mais voici la vérité : être pigiste, ça ne veut pas dire être disponible 24/7.
Tu n’as pas à auditionner pour chaque rôle. Tu n’as pas à répondre à tes courriels pendant le souper. Tu n’as pas à dire oui à chaque demande qui tombe dans ta boîte de réception.
Dire non, ce n’est pas de la paresse. Ce n’est pas un manque de professionnalisme.
C’est mettre tes limites. Et ce sont ces limites qui rendent une carrière de pigiste durable.
Trop de “oui” mène à l’épuisement
Sans limites, le travail finit par envahir toute ta vie.
Quand tu en prends trop, l’épuisement arrive vite. Et une fois brûlé(e), ta créativité, ton énergie et la qualité de ton travail chutent. Ironiquement, le revenu que tu essayais de protéger peut même en souffrir, parce que tu n’arrives plus à livrer ton meilleur.
Et puis… est-ce qu’on est vraiment plus “réussi” si on répond à des courriels en cachette pendant le match de soccer de son enfant? Ou si on s’éclipse d’un souper de famille pour prendre un appel client? Plus souvent qu’autrement, on se retrouve juste distrait, coupable et un peu amer.
Exemple perso
De mon côté, je sais que j’ai besoin de déconnecter complètement quand je suis en vacances. Sinon, les pensées de travail me suivent comme un nuage et je ne profite jamais du moment présent. Résultat : je ne me repose pas, je ne recharge pas mes batteries et la “vacance” ne sert à rien.
Certain·es artistes de voix apportent un kit mobile en voyage pour continuer à travailler. Je comprends leur logique, mais moi, je ne relaxe pas tant que je n’ai pas vraiment décroché. Mes limites à moi, c’est : je jette un œil aux courriels une ou deux fois par jour, juste pour voir s’il y a quelque chose d’urgent. Et la plupart du temps, ma réponse est simplement : “Je ne peux pas avant mon retour.”
Pour être pleinement présente pour mes clients, je dois aussi être pleinement présente pour moi-même et mes proches.
Les bons clients respectent tes limites
Un client qui t’apprécie va s’adapter à tes “heures de bureau” ou à ton “je te reviens après la fin de semaine”. Ceux qui exigent une disponibilité 24/7? À moins qu’ils paient pour un service en permanence, tu ne leur dois pas ça. Et honnêtement, se détacher de ce type de client, c’est souvent ouvrir la porte à des collaborations plus saines et plus respectueuses.
La vérité, c’est que le monde ne s’arrête pas si tu prends une journée off. Ton entreprise ne s’écroulera pas. Et tu n’es pas “moins pigiste” si tu ne travailles pas 24 heures sur 24. Au contraire : être capable de décrocher, c’est une preuve de solidité.
Comment apprendre à dire non (sans culpabilité)
- Clarifie tes limites. Tes heures de travail, ton délai de réponse, ce qui constitue une vraie urgence. Établis-les clairement, et respecte-les.
- Reviens à tes valeurs. Demande-toi : est-ce que j’ai besoin en ce moment de plus de revenu, de repos, de temps en famille ou de croissance? Dis oui à ce qui colle, non à ce qui ne colle pas.
- Pratique les mots. Dire non n’a pas besoin d’être brusque. Exemples :
- “Je n’ai pas de disponibilité présentement.”
- “Ça sort de mon champ d’expertise.”
- “J’aimerais, mais mon horaire est plein. On peut revisiter ça le mois prochain?”
- Protège ton temps off. Vacances, fins de semaine, ou même un mercredi après-midi random… Déconnecte complètement.
- Aie confiance en ce que tu as bâti. Ta réputation et ton travail tiennent la route. Ils survivront à une pause.
Je te lance un défi : prends une seule journée complète où tu éteins le mode “oui”. Pas de courriels, pas d’auditions, pas d’admin. Juste une journée pour respirer. Tu vas réaliser que tu n’es pas l’élément indispensable qui tient l’univers en place. Et ça, c’est pas une faiblesse… c’est une libération.
Parce qu’au fond, dire non n’est pas refuser du travail. C’est protéger ton énergie — celle qui fait que ton travail (et ta vie) a de la valeur.
✨ Cet article est inspiré d’un épisode de mon balado Pigiste pas Figiste, 10 minutes d’entraînement avec du vrai talk pigiste, viens écouter ici : https://media.rss.com/pigiste-pas-figiste/feed.xml




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