Parlons de martyr.
Ça sonne intense, non? Pourtant, en freelance (et même en mise en forme), ça revient plus souvent qu’on le pense. Surtout quand les gens étalent tous les sacrifices qu’ils font pour livrer leurs projets à temps.
Honnêtement? Personne ne s’en soucie vraiment.
Bon, ta famille s’en soucie, oui. Mais tes clients? Pas vraiment. Ils ont déjà leurs propres échéances, leurs propres tracas. Que tu leur racontes que t’as passé la nuit blanche pour finir leur mandat, ou que tu souffres en silence en espérant un bonus karmique… ça ne change pas grand-chose à la façon dont ils te perçoivent.
Le mythe du pigiste surmené
On entend souvent que pour réussir en freelance, il faut prouver qu’on travaille plus que les autres, qu’on est toujours disponible, qu’on place nos clients avant notre santé et notre famille. Mais soyons honnêtes : les clients ne donnent pas de points de mérite pour ton épuisement.
Personne ne va te féliciter parce que tu dors cinq heures par nuit. Aucun client ne t’applaudit parce que tu publies une photo de toi courbé sur ton portable à la plage, ou au parc pendant que tes enfants jouent. Peut-être que tu vas récolter quelques « j’aime », mais dans deux secondes, les gens auront déjà passé à autre chose.
Ce qui compte vraiment pour tes clients, c’est simple : que ton fichier arrive dans leur boîte de réception à temps, avec une qualité qui répond ou dépasse leurs attentes. C’est tout.
Le prix du sacrifice permanent
Une soirée de travail jusqu’à 2 ou 3 h du matin? Ça arrive. Mais si c’est ta marque de commerce, tu récoltes surtout de la fatigue.
Pour les pigistes qui travaillent avec des clients dans différents fuseaux horaires (les artistes voix comme moi le savent très bien), la tentation est grande de croire qu’il faut être « toujours là », parce qu’il est toujours 9 h quelque part. Mais couper ton sommeil, sauter des repas, ou sacrifier du temps avec ta famille, ça ne tient pas à long terme.
Le manque de sommeil, ça ne mine pas juste ta santé : ça affecte aussi ton entreprise, ta créativité et tes relations. Dormir n’est pas optionnel. C’est essentiel : pour récupérer, pour rester concentré, pour être à ton meilleur. Je le dis souvent à mes ados : « tu sauras que t’es un vrai adulte quand tu vas avoir hâte d’aller te coucher ». Et oui, ils vont découvrir que j’ai raison.
De mon côté, j’ai appris qu’il me faut au moins six heures de sommeil pour fonctionner, et idéalement 7-8. Si j’essaie de tirer la couverte plus courte, je ne suis pas plus productive. Je suis grognonne, déconcentrée, et je n’offre pas mon meilleur travail. Les clients ne m’engagent pas pour être un zombie. Ils m’engagent pour apporter de l’énergie et de la créativité à leurs projets.
Professionnalisme ≠ martyr
Le surmenage « performatif », c’est un piège. Si ton énergie est à son max à minuit, parfait. Mais demande-toi : quel message tu envoies quand tu fais exprès d’en parler?
Beaucoup de pigistes croient qu’en « allant au-delà » de manière extrême, ils vont impressionner leurs clients. Mais souvent, ça établit surtout une nouvelle norme irréaliste… et tu finis pris au piège.
Rappelons-nous : on est des pigistes créatifs, pas des chirurgiens cardiaques. On n’a pas besoin d’être disponibles 24/7. Ce qui fidélise les clients et génère des références, ce n’est pas la souffrance : ce sont les systèmes. Des processus fiables. Une communication claire. Une constance dans la livraison.
Alors va jouer avec tes enfants. Sors souper avec des amis. Dors un vrai huit heures. Si tu veux partager quelque chose en ligne, partage ça.
Tes clients ne veulent pas de martyrs. Ils veulent des partenaires capables de livrer du bon travail sur la durée.
Ne prouve pas combien tu peux endurer. Prouve combien ton travail peut durer.
Musique, exercice et conseils: écoute mon balado Pigiste pas Figiste.



